Par Marianne Buclet
L’ail (allium sativum) est l'une des plus anciennes plantes médicinales. Comme l’oignon, l’échalote, la ciboulette ou encore le poireau, il appartient à la famille des liliacées. L'origine de l’ail s'étend depuis la mer Caspienne jusqu'aux monts Tian shan, à la frontière de la Chine et du Kazakhstan. On trouve dans cette région environ 150 espèces sauvages appartenant au genre Allium.
Petit à petit cependant, il a conquis le reste du monde. Les bienfaits de l'ail sont mentionnés dans des textes anciens chinois, grecs et arabes anciens. Les écrits les plus anciens datent des Sumériens, autour de 2 500 av. J.-C. Il est préconisé contre divers maux, utilisé pour les affections digestives, cutanées, comme vermifuge... et son utilisation comme aliment et remède s'étend à travers le monde.
Au Moyen-Âge, on l'utilise lors des épidémies de peste, les marins en emportent pour se protéger, et dans les tranchées de la guerre 14-18, pour prévenir l' infection des blessures.
L'allicine, l’ajoène, l'acide pyruvique et les saponines qu'il contient sont ses principaux composé actifs connu. Comme tout produit naturel, la synergie de ses composés semble apporter des bienfaits supplémentaire dans son action, et beaucoup de ses composés son encore inconnus.
De nombreuses études ont démontré les bienfaits de l'ail, il contient descomposés actifs ayant des bénéfices pour la santé.
Ses composés sulfurés sont associés à la prévention du cancer et des maladies cardiovasculaires.
Les composés sulfurés sont libérés lorsque l’ail est coupé, broyé ou écrasé. L’alliine (molécule inactive et inodore de l’ail) entre en contact avec un enzyme et se transforme en allicine, responsable de l’odeur de l’ail. D'autres transformations ont ensuite lieu et font apparaitre d’autres composés sulfurés tels que le diallyl sulfide, le diallyl disulfide et l’ajoène.
Ces composés ont la capacité in-vitro d'empêcher certaines cellules cancéreuses de se multiplier. L’allicine serait associé à l’effet cardioprotecteur de l’ail et l’ajoène pourrait ainsi jouer un rôle dans l’effet hypocholestérolémiant attribué à l’ail. Les saponines présentes dans l’ail ont la capacité de diminuer le cholestérol sanguin. L'ail contient aussi des fibres prébiotiques qui contribuent à ses bienfaits.
Propriétés
On lui attribue de nombreuses propriétés: antiseptique, antibactérien, antifongique, antiviral, stimulant du système immunitaire, diurétique, hypotenseur, hypolipidémiant, anti-athéromateux, antiagrégant plaquettaire, hypoglycémiant, anti-inflammatoire, vermifuge, antioxydant.
Différents pays européens confirment officiellement ses actions bénéfiques pour :
La circulation sanguine et les vaisseaux sanguins
Le système digestif
Le système immunitaire
Le système respiratoire
Le système cardio-vasculaire
Antioxydant
L’ail contient différents composés antioxydants, ses composés soufrés, mais aussi des flavonoïdes et tocophérols. De plus ses fibres probiotiques participent à la formation de sous produits anti-oxydants à travers l'activité du microbiote.
Les antioxydants protègent du développement des maladies cardiovasculaires, du cancer et de maladies liées au vieillissement.
L'alliine est un antioxydant, qui se change en allicine lorsqu'elle entre en contact avec l'allinase un moment ou l'ail a été haché, écrasé ou transformé. Et réduit son activité antioxydante. Le processus de fermentation montre une augmentation de l'activité d'inhibition de l'allinase. L'ail mariné est donc un antioxydant naturel.
Anti-bactérien, antifongique et antiparasitaire
L’ail est utilisé traditionnellement pour ses propriétés antimicrobiennes et pour traiter certaines infections.
L'allicine, la molécule produite lorsque l'ail est hachée, écrasée ou broyée, présente une activité antibactérienne contre un large éventail de bactéries (E. Coli), une activité antifongique, en particulier contre Candida albicans et une activité antiparasitaire (Entamoeba histolytica, Blastocystis, Giardia lamblia)
Les activités antiparasitaires de l'ail ont été confirmées in vitro et chez la souris et il a été utilisé traditionnellement a cet effet mais aucune étude sur l'être humain n'a été menée.
Certaines études suggèrent que l'ail pourrait aider à prévenir le rhume et c'est un de ses usages traditionnel suédois. Mais les données sont insuffisantes pour affirmer son effet.
Les fibres prébiotiques de l'ail contribuent au bon fonctionnement du système immunitaire et peuvent participer à aider l'organisme dans sa lutte contre les agents pathogène.
A travers ses différentes action et sous ses différentes formes, l'ail est utile pour prévenir et lutter contre les bactéries, champignons et parasites, cependant sa consommation seule peut ne pas être suffisante.
Prébiotique
Grâce à ses propriétés prébiotiques , l'ail a le potentiel de moduler le microbiote intestinal. La production de sulfide d'hydrogène qu'il provoque permettrait de restaurer le biofilm du microbiote et la production de mucus.
Il augmente le richesse et la diversité du microbiote intestinale, en stimulant la croissance des espèces Lactobacillus et Clostridia. Les bactéries Lactobacillus sont considérées comme bénéfiques.
Les fibres probiotiques participent à la formation de sous produits anti-oxydants à travers l'activité du microbiote.
L'activité prébiotique de l'ail est bénéfique dans les maladies cardiovasculaires et peut être utile dans de nombreuses autres pathologies.
Protection contre le cancer
L’ail semble pouvoir protéger du développement de certains cancers. De nombreuses études tendent à vérifier son action. Son action protectrice contre les substances cancérigènes et sa capacité à mener les cellules cancéreuses à l'apoptose (mort cellulaire). Les composés sulfurés contenus dans l’ail seraient en partie au moins responsable de ces effets.
Ainsi, l’ail, à raison d’une consommation de deux gousses par jour (soit environ 6 g d’ail), fait partie d’une liste d’aliments contenant des molécules à potentiel anticancérigène à privilégier dans une alimentation optimale visant à prévenir le cancer.
Les résultats d’une méta-analyse publiée en 2000 démontre une diminution importante du risque du cancer colorectal et de l’estomac avec des consommations d'ail élevées, les consommation les plus élevées étaient au dessus de 23g par semaine soit environ 8 gousses d'ail.
Les composé de l'ail ont montré des avantages contre les cellules cancéreuses de la prostate et du sein.
Consommer de l'ail pourrait aussi protéger du cancer du poumon selon une étude chinoise
Des études expérimentales in vitro et in vivo ayant montré sont action sur les cellule cancéreuses, une étude épidémiologique sur la relation entre la consommation d'ail cru et le cancer du poumon à été menée auprès de 1 424 cas de cancer du poumon et de 4 543 témoins sains de 2003 à 2010 à l'aide d'un questionnaire.
La consommation d'ail cru de 2 fois ou plus par semaine était inversement associée à la survenue d'un cancer du poumon. Après observation des risques liés au tabagisme et à l'exposition à la fumée, une association protectrice entre la consommation d'ail cru et le cancer du poumon a été observée.
L'ail consommé en quantité suffisante au sain d'un alimentation équilibrée, semble pouvoir diminuer le risque de survenue de certains cancers.
Maladies cardio-vasculaires
Les études actuelles démontrent une tendance de la consommation d'ail à faire diminuer légèrement les taux de cholestérol et de triglycérides sanguins. La majorité des études ont été réalisées avec des suppléments ou des extraits d’ail, isolant les principes actifs.
En plus de ses molécules actives, l'aspect prébiotique des fibres contenues dans l'ail semble participer à ses effets protecteurs du système cardio-vasculaire.
Dans une étude, un extrait d'ail vieilli (AGE) a ou réduire la concentration plasmatique de cholestérol total de 7 % et de cholestérol LDL de 10 % chez des hommes hypercholestérolémiques.
Une étude sur 192 adultes ayant une hypercholestérolémie modérée a comparé les effets de l'ail cru et de suppléments d'ail sans bénéfices dans les deux catégories.
Cependant, dans une étude plus ancienne, de l'ail broyé administré quotidiennement a raison de 4 grammes par jour en deux fois, a permis de réduire le cholestérol sérique total et les triglycérides, et a augmenté de manière significative le cholestérol HDL (bon cholestérol).
L'ail semble pouvoir permettre de contribuer à une meilleure santé cardio-vasculaire grâce à ses différentes actions sur l'organisme.
Cru ou cuit?
Une étude de 2007 a examiné l'activité antiagrégant in vitro (IVAA) de l'ail chauffée (sous forme de gousses écrasés ou non écrasés). Les concentrations d'allicine et de pyruvate, qui sont deux molécules actives dans le processus antiplaquettaire, ont été surveillées.
Le chauffage au four à 200 degrés ou l'immersion dans l'eau bouillante pendant 3 minutes ou moins n'a pas affecté la capacité de l'ail à inhiber l'agrégation plaquettaire par rapport à l'ail cru, alors que le chauffage pendant 6 minutes l'a complètement supprimé dans l'ail non écrasé, mais pas dans les échantillons broyés. Ces derniers échantillons avaient une activité antiplaquettaire réduite, mais importante.
Cependant, plus de 10 minutes de cuisson à ces températures a complètement supprimé l'activité. L'ail écrasé cuit au micro-ondes n'a eu aucun effet sur l'agrégation plaquettaire.
L'ajout de jus d'ail cru à de l'ail non écrasé passé au micro-ondes a restauré totalement l'activité antiplaquettaire qui avait disparue.
L'activité antiagrégante induite par l'ail est associée aux niveaux d'allicine et de pyruvate.
Ecraser l'ail avant une cuisson modérée peut réduire la perte d'activité, et la perte partielle de l'effet antithrombotique dans l'ail écrasé-cuit peut être compensée en augmentant la quantité consommée.
Une autre étude menée en 2017 a montré que l'ail cuit maison conserve son activité antioxydante. L'ail cru a montré l'activité la plus élevée sur certains aspects, et l'ail sauté pour d'autres.
L'ail cuit et cru possèdent donc tous deux des bienfaits même si l'ail cru garde une activité plus riche.
On peut compenser cette perte par une cuisson à basse température, ou une cuisson rapide (ajouter l'ail 3 minutes avant la fin de cuisson), mais aussi par l'augmentation de la quantité consommée.
Aussi, cuit ou cru, les composés actifs de l'ail sont différents selon qu'on l'écrase/hache/broie ou non, alors l'important semble de varier les plaisirs!
Composition
L'ail contient de nombreux micronutriments:
vitamine A, B (B1, B2, B3, B6) et C,
sels minéraux (manganèse, sélénium, cuivre,...),
oligo-éléments,
enzymes.
Ses principes actifs sont:
Alliine
Allicine
Saponosides (sativosides),
Composés soufrés (diallyl sulfide, diallyl disulfide, ajoène)
Flavonoïdes,
Caroténoïdes,
Fructanes,
Lectines.
L'ail cru contient pour 3 gramme ou 1 gousse:
4 calories
1,0g de glucides
0,2 g de protéines
0,1g de fibres alimentaires
0,0g de lipides
Posologie
L’ail peut être utilisé cru ou cuit comme condiment, en compléments alimentaires sous forme de poudre et d'extraits standardisés, ou sous ses autres forme traditionnelle en phytothérapie, docoction, teinture mère, etc. mais aussi en usage externe en cataplasme, huile, pommade, emplâtre...
Décoction: 3 gousses d'ail écrasées bouillies pour 25 cl d'eau ou de lait (moins de 5 minutes)
Pour les infections virales (bronchite, grippe, rhume) :
1 à 3 tasses de décoction d’ail frais par jour
1 gousse d’ail frais écrasé 2 fois par jour
800 à 1600 mg d’extrait normalisé à 1,3 % d’allicine 3 fois par jour.
Sphère cardiovasculaire :
1 gousse d’ail frais écrasé 2 fois par jour,
2000 mg d’extrait d'ail normalisé à 1,3 % d’allicine 2 fois par jour.
L'ail en gélule est désodorisé, il n’a ni goût ni odeur ce qui lui donne un avantage sur l'ail frais qui donne à l’haleine un parfum chargé pendant quelques heures.
Pour éviter cette odeur, mâcher et avaler du persil, de la menthe, ou prendre une goutte d'huile essentielle de menthe poivrée peut atténuer l'odeur qui ne provient pas directement de la bouche, mais du système digestif. Se brosser les dents ne suffit donc pas.
Précautions
En utilisation dans l'alimentation l'ail n'a pas de contre-indication.
À hautes doses l’ail peut provoquer des brûlures d’estomac, diarrhées, nausées ou des irritations des voies urinaires. Dans de très rares cas, il peut être à l’origine de réactions allergiques de contact.
À doses thérapeutiques il est déconseillé
Chez l’enfant et la femme enceinte.
En cas de traitement anticoagulant ou antidiabétique
Contre-indications
A doses thérapeutiques, il est déconseillé dans les cas suivants:
anémie
porphyrie
ulcère à l’estomac
fragilité des voies urinaires ou de pemphigus
avant une opération chirurgicale
pendant la grossesse sans un avis médical
Interactions
Il existe une possible interaction avec les médicaments anticoagulants ou antidiabétiques.
Un avis médical et des dosages sanguins réguliers sont préférables pour les supplémentations à haute doses.
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